On s’imagine que la corruption du politique par les banques est un sport national réservé aux élites du pays. Que nenni, la corruption commence là, sous vos yeux, et parfois à l’insu même des « corrompus » qui ignorent qu’ils sont dans l’illégalité et pensent agir au mieux de l’intérêt général…
Autant le dire de suite, par ce post, je ne vais pas me faire d’amis… Mais il faut dire les choses et comprendre les méthodes par lesquelles on nous manipule.
Commençons par M. le Maire. On apprend, sur le site de commune et sur une page mise à jour sous son autorité, qu’il est le vice-président de la caisse locale du Crédit Agricole du Jura alsacien.
Cette fonction lui interdit en pratique de participer, non seulement aux votes, mais à toutes les procédures dans lesquelles la banque dont il est le vice-président fait des offres. Croyez-vous que cela puisse gêner l’ancien secrétaire général de mairie qu’il était (il devrait donc être plus sensible que quiconque à l’obligation de se déporter…) ? Pas du tout, il suffit de lire ce compte-rendu du 20 février 2018.
Bien sûr, le Crédit Agricole a fait la meilleure offre, mais qui peut nous certifier qu’il n’avait pas été préalablement informé par son vice-président des autres taux ? La chose est claire : la loi qualifie cette pratique à minima de prise illégale d’intérêt.
Sur un autre registre, combien de membres du Conseil municipal sont sociétaires du Crédit Mutuel ? Et combien ont participé au montage de dossiers et au vote desdits dossiers sans se déporter ? Tous ceux qui sont sociétaires, sans exception. Et c’est assez pittoresque, parce que sur certains votes, s’ils s’étaient déportés comme la loi l’exige, il n’y aurait pas eu le quorum pour valider le vote…
Nous sommes une toute petite commune et l’on voit déjà comment les banques s’y prennent pour nous habituer à leur omniprésence. Car ne croyez pas que M. Schielin ou les sociétaires du Crédit Mutuel disposent de la moindre parcelle de pouvoir au sein de ces banques. Au mieux, ils remontent des informations qui biaisent la concurrence et deviennent de bons commerciaux. Je vous laisse imaginer comment ça peut se passer aux échelons supérieurs. C’est très simple, la souveraineté française est un mythe, le pouvoir appartient à ceux qui font les crédits.
La banque qui appartient à ses clients ou toute une banque pour nous, ce sont de beaux slogans, hélas dénués de toute réalité… On organise chaque année une petite sauterie dans laquelle on présente de beaux diagrammes, des chiffres que personne ne comprend et un bilan positif de quelques milliers d’euros que les convives sont invités à se partager, frais de réception déduits. Pendant ce temps, les vrais actionnaires de la banque, eux, ne se gavent pas qu’avec un buffet et quelques bouteilles… Eux maîtrisent les vrais chiffres et se partagent les milliards.
Chut, ne le dites pas ! Il y a cependant une autre réalité : les taux sont au plus bas et avec une mise en concurrence sincère et non biaisée, l’occasion serait belle pour faire un emprunt à tout petit taux pour racheter le Super U et en faire quelque chose… ou renégocier un prêt global à des taux bien inférieurs. On le fait bien pour sa maison, pourquoi ne fait-on rien à la commune ? Ah oui… quand on est vice-président d’une caisse ou sociétaire d’une autre…
Jean-François Mattler
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